Le XO 3 a été présenté officiellement au CES de Las Vegas le 8 janvier dernier. De nombreux articles dans le presse (voir notre revue de presse) ont détaillés les spécifications de cette tablet unique en son genre. Nous avons plutôt choisi de prendre un peu de recul et de vous présenter la philosophie et les enjeux de la machine.
Comme les autres machines de la fondation, le XO 3 obéit à un cahier des charges dont les contraintes sont différentes des autres machines du marché. En effet, la priorité est donnée dans l’ordre à une machine:
- Sécurisée: pour qu’un enfant ne puisse pas se blesser avec,
- Stylée et facile à utiliser: pour que les enfants aient envie d’en avoir un,
- Faible consommation: car moins elle consomme plus longtemps elle pourra être utilisée par les enfants,
- Faible coût: car plus le coût est faible, plus le nombre d’enfant qui pourra en avoir une est élevé,
- Robuste et facile à maintenir: car les enfants font tomber des choses et elle doit être solide et pouvoir être réparée facilement,
- Performant: qu’elle soit le plus réactive possible.
Ainsi, alors que la tendance actuelle des appareils mobiles est uniquement à la débauche de performance (quadri-cœur, écran large, ultra haute résolution) au détriment du prix et de la consommation électrique, la fondation garde le cap vers sa mission principale: apporter un outil pédagogique accessible au plus grand nombre d’enfants.
Reprenons ces objectifs un par un et détaillons comment le XO 3 y répond:
Sécurisé
Comme son grand frère le XO 3 est réalisé en matière plastique et équipé d’un grip permettant une bonne prise en main. Les angles sont parfaitement arrondis et aucun connecteur ou équipement ne dépasse.
Stylé
Le designer du XO 3 est le même que celui du XO 1, c’est le brillant designer Suisse Yves Behar. Sur son blog, il explique que c’est avant tout la simplicité qui a guidé la conception de la machine. L’écran (et donc les contenus) sont mis en avant par la conception et le design de la machine intègre chacune des contraintes. A voir l’affluence sur le stand de la fondation au CES et les éloges lues dans la presse, nul doute que l’objectif de « faire envie » est réussi.
Faible consommation
Diminuer la consommation électrique du XO a toujours été un objectif essentiel pour la fondation (lire par exemple notre article sur le sujet) car le XO est souvent déployé dans des pays ou l’électricité est rare. Le choix d’un processeur ARM est un des éléments pour arriver à baisser la consommation mais c’est l’architecture technique même de la machine qui est orientée vers cet objectif. Autre point, la machine pourra être équipée d’un panneau solaire utilisé comme protection une fois la machine refermée. Enfin, pour rester fidèle à sa légende, la fondation a également démontré l’utilisation du XO-3 avec une manivelle: 1mn d’effort pouvant apporter 10mn d’exécution.
Faible coût
La machine serait proposée à un tarif de l’ordre de 100$. Ce prix (oh combien symbolique pour le projet OLPC !) n’est néanmoins que théorique. La grande nouveauté annoncée par la fondation est surtout le passage dans un mode « catalogue » ou « option ». Ainsi ce n’est pas une configuration unique mais plusieurs qui pourraient être proposées: écran LCD ou bi-mode (comme le XO-1), présence ou non d’un panneau solaire, différentes capacités de batterie, taille mémoire (512Mo ou 1Go) et de stockage (4 à 16Go). Chaque configuration ayant évidemment un prix différent ce qui permettra d’ajuster le coût selon les possibilités de chaque déploiement.
Robuste et facile à maintenir
Comme le XO-1, le XO-3 est durci. Il dispose d’une protection en élastomère qui lui permettra de supporter les chocs et les chutes. Il est également annoncé pour pouvoir supporter la norme IP53 ce qui devrait lui permettre d’être opérationnel y compris en milieu humide. Par ailleurs, pour pouvoir être réparé sur place, il se démonte très facilement (en dévissant à peine deux vis sur le socle).
Performant
La réactivité du XO-3 sera évidemment importante à l’usage. L’écran tactile de 8″ sera de type capacitif et pourrait supporter jusqu’à 5 points de contact simultanés. Il sera épaulé par un processeur ARM Marvell Armada PXA618 à 1 GHz et d’un processeur graphique gérant le 3D et le décodage vidéo. C’est d’ailleurs la même architecture que le dernier né de la fondation, le XO 1.75.
Evidemment au-delà, du matériel c’est encore le logiciel et le contenu qui vont aussi différencier le XO 3. Là où l’iPad où le Kindle Fire ne sont que des canaux de distributions pour vendre des contenus payants, la fondation reste fidèle à l’esprit Libre et Open Source.
C’est donc un système ouvert que l’on a pu voir lors des présentations du XO-3, et plus précisément la plate-forme pédagogique Sugar qui s’appuie ici sur une distribution Fedora 14 sur ARM. Fort de ses presque 3 millions d’utilisateurs, la communauté Sugar dispose de plusieurs centaines d’activités de contenus d’hors et déjà disponibles. Il est à noter que le XO 3 est annoncé comme pouvant supporter également le système Android mais il est difficile de savoir si cela sera le cas à son lancement ou si ce n’est qu’un effet d’annonce.
Complètement en cohérence avec la philosophie de la fondation, la tablet XO 3 poursuit donc le rêve d’un outil pédagogique pour les enfants des pays en voie de développement en l’adaptant au monde des tablets. Proposant un encombrement plus réduit que le XO 1, il résout aussi un problème important des déploiements: la localisation du clavier.
Beaucoup de chemin reste à parcourir car la machine présentée, que nous avons eu la chance de manipuler n’est pour l’instant qu’un prototype et devra donc passer le stade industriel. Par ailleurs, Sugar, qui grâce au XO 1.75 a déjà franchi avec succès le passage à l’architecture ARM doit aussi progresser pour proposer une interface tactile complètement aboutie.
En tout cas, chez OLPC France nous avons hâte de manipuler la version finale et soutenons plus que jamais ce beau rêve.