L’introduction des TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’éducation) dans l’enseignement fait désormais partie du quotidien des acteurs de ce secteur, en Europe comme dans le reste du monde. En Amérique latine, l’Uruguay a pris en 2007 l’initiative de fournir aux élèves des écoles publiques du pays et à leurs enseignants des ordinateurs portables et une connexion à Internet dans les écoles. Cette mesure connue sous le nom « Plan CEIBAL », vise initialement l’enseignement primaire et a été étendue récemment à l’enseignement secondaire, dans le cadre d’une politique nationale de développement basée sur l’innovation scientifique et technologique.
Le coût de l’éducation
Il est évident que l’éducation a un coût. Les sociétés doivent ainsi être disposées à assumer de manière solidaire les coûts des politiques et des institutions contribuant au développement des TICE. Pour évaluer ces coûts, en particulier dans le cas du Plan CEIBAL, nous disposons de chiffres bruts (voir « Un ordinateur par enfant : combien ça coûte ?« ). Nous apprenons ainsi que le Plan CEIBAL représente en termes de coûts près de 0,3 % du PIB, soit environ 5 % du budget de l’éducation dans ce pays.
On est en droit de se demander si cela vaut réellement la peine de dépenser de telles sommes. Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’évaluer l’impact du programme éducatif mis en oeuvre. Cette évaluation a elle aussi un coût et fait partie des actions financées par un emprunt de 6 millions de $ sur 25 ans auprès de la Banque Interaméricaine de Développement (voir « BID aprueba préstamo para consolidar y ampliar el Plan Ceibal » [La BID approuve un emprunt en vue de la consolidation et de l’extension du Plan Ceibal]). En effet, l’un des objectifs de cet emprunt est de « développer des stratégies et des instruments permettant un suivi et une évaluation de l’impact éducatif et social du Plan [CEIBAL], en intégrant le développement de capacités institutionnelles et techniques (…) ». L’un des résultats de cette démarche d’évaluation se présente sous la forme d’une étude : « En el camino del Plan CEIBAL« .
Une évaluation à long terme
S’agissant d’éducation, l’évaluation qui doit être menée est à long terme. Pour autant, des résultats partiels sont d’ores et déjà disponibles.
Ainsi, en Uruguay, différentes études ont été réalisées pour mesurer l’impact du Plan Ceibal, comme on peut le voir dans Uruguay : publication de rapports sur le Plan Ceibal.
A l’échelle de l’Amérique latine enfin, les instruments d’évaluation sont mis en place, par exemple, avec le Laboratorio Latinoamericano de Evaluación de la Calidad de la Educación (LLECE).
Pour revenir à l’Uruguay, Lidia Barboza Norbis, enseignante-chercheur en sciences de l’éducation à l’Instituto de Educación de l’université de la República (Montevideo), précise que ce pays a intégré, avec le « Monitor Educativo de Primaria« , un système d’évaluation des indicateurs éducatifs au niveau de l’enseignement primaire mis en place par l’ANEP, l’Administración Nacional de Educación Pública :
« A titre d’exemple, l’une des principales tendances positives réside dans la baisse de quatre points du redoublement chez les enfants. En d’autres termes, le pourcentage d’élèves redoublants de la 1ère à la 6ème classe des écoles d’enseignement général a reculé de 10,3 % à 6,3 % pour la période comprise entre 2002 et 2009 ». (source : liste OLPC Uruguay).
Cette évolution appelle un premier commentaire de la part de Lidia Barboza Norbis :
« Il est très encourageant d’observer ce qui se passe au niveau des redoublements des enfants dans les écoles situées dans un contexte très défavorable, avec un taux de redoublement qui a chuté à 6 % dans les écoles urbaines et à 4 % dans les écoles rurales. (Ce système d’évaluation est quantitatif et descriptif, ce qui empêche d’expliquer quels sont les facteurs ayant une incidence sur le redoublement, qui est la conséquence de facteurs multiples). »
Ainsi, la perspective est que « ce genre de système d’évaluation permette d’obtenir un instantané du système à une date donnée et permette l’intégration des résultats des processus d’aprentissage dans les matières scienfiques, des langues, mathématiques, etc. » ajoute Lidia Barboza Norbis.
Par ailleurs, les informations peuvent être affinées école par école et assorties de données cartographiques. De cette manière, grâce au système d’information géographique (SIG/GIS) mis en place, nous pouvons en savoir plus sur l’école fréquentée par Lucas (dans « L’école, catalyseur du développement« ), qui avait été interrogé par Fernando Da Rosa Morena, enseignant-chercheur en sciences de la communication à l’Université de la República (Montevideo), dans son billet « CEIBAL más allá del aula » :
Ainsi, la méthologie de l’évaluation est mise en place. Reste à disposer du recul nécessaire.
Mais il y a déjà de quoi concurrencer, si besoin était, dans un autre domaine d’excellence, la démarche d’élucidation illustrée par le jeu « División Especial de Detectives« , conçu pour le Plan CEIBAL par la société Trojan Chicken.
C’est d’ailleurs ce jeu qui a permis à cette start-up de Montevideo d’être lauréate du concours d’idées Rayuela, initié par l’organisme du même nom émanant du projet CEIBAL : une manière de contribuer à l’amélioration de l’impact des TICE dans les écoles uruguayennes puisqu’il s’agit, pour les joueurs, de mobiliser leurs connaissances et géographie, histoire, mathématiques, langues et logique.
Par chance, nous avons pour nous aider à affronter les défis de demain une génération entière de jeunes (« gurises » en espagnol uruguayen) qui sont déjà à bonne école !
Laboratorio Latinoamericano de Evaluación de la Calidad de la Educación –LLECE-