… et Alan Kay de corriger astucieusement : « les enfants sont l’avenir que l’on envoie dans l’avenir . » (« Children are the future we send to the future. »)
Cette citation est extraite de la conférence TED qu’Alan Kay a donnée en mars 2007. Tout ce qui est dit dans cette conférence mériterait que l’on s’y arrête longtemps, mais je voudrais ici souligner trois idées essentielles.
« Nous voyons le monde comme nous sommes »
Première idée essentielle : nous ne voyons pas le monde comme il est, mais comme nous sommes. Cette idée vieille comme le monde (sic), Alan Kay la sollicite ici pour réfléchir aux conséquences pédagogiques que nous devons en tirer. Si l’un des buts de l’enseignement est d’aider l’élève à mieux connaître la réalité extérieure (simplifions), alors ce but ne sera atteint que si nous connaissons mieux les mécanismes cognitifs qui président à la perception de cette réalité. Une fois ces mécanismes mieux connus, nous pouvons mieux savoir quelles idées fortes (« powerful ideas« ) aideront l’élève à réduire la complexité des phénomènes à des principes plus simples.
Exemple : la meilleure perspective pour aborder le théorème de pythagore est celle qui utilise notre capacité à mettre en rapport des surfaces de même dimension – par exemple les surfaces construites à partir de chaque côté d’un triangle rectangle.
Les ordinateurs peuvent être utilisés intelligemment pour apprendre
La plupart du temps, les ordinateurs ne sont utilisés que comme relais de notre manière habituelle d’enseigner (voir cette vidéo, où Alan Kay parle de cette erreur.) Or ils peuvent être utilisés pour exploiter au mieux ces idées fortes. Alan Kay donne l’exemple de l’utilisation d’Etoys et de la notion de variable : en construisant une voiture (le petit bidule rouge) et en liant le comportement de cette voiture à un volant (le petit bidule bleu), l’enfant a appréhendé cette « brique » essentielle au tout : la notion de variable.
On réduit souvent le projet OLPC à un projet d’équipement en ordinateurs, en oubliant qu’OLPC est un projet pédagogique auquel ont contribué ces mêmes personnes qui sont à l’origine de projet comme Turtle, Scratch ou Etoys. OLPC et Sugar promeuvent d’autres pratiques pédagogiques, celles qui engagent les enfants dans des relations avec les ordinateurs autour de ces idées fortes.
Il faut former des guides (mentors) pour cet apprentissage
Alan Kay termine sa présentation avec une dernière idée, celle qui me paraît la plus importante : ces nouvelles interfaces numériques, plus engageantes pour les élèves, nécessitent de nouveaux « guides » (« mentors« ). OLPC peut produire des ordinateurs à bas prix, mais OLPC ne peut pas directement « produire » des guides, des enseignants capables d’utiliser intelligemment des idées pédagogiques fortes à l’aide d’ordinateurs. C’est un travail de longue haleine, et dont les progrès dépendent de notre capacité à y travailler ensemble.
L’une des missions d’OLPC France est de rassembler les personnes qui veulent avancer dans cette direction…