Décidément, l’Uruguay, ce petit pays coincé entre 2 géants, le Brésil et l’Argentine, ne cesse pas de surprendre. Il a fallu moins de 2 ans à ce pays pour déployer près de 300 000 portables XO dans les écoles, dans le cadre du Plan Ceibal. Ce plan de « Conectividad Educativa de Informática Básica para el Aprendizaje en línea », dont les grandes lignes ont été résumées dans un guide de référence à l’intention des parents et des éducateurs, s’est déroulé en 4 phases successives, en commençant par 200 XO dans une école pilote, puis en élargissant au département Florida, puis aux autres départements de l’intérieur du pays, et enfin à la capitale, Montevideo.
C’est un laboratoire d’idées et un espace d’expérimentations grandeur nature dans de nombreux domaines, comme le souligne David Sasaki dans cet article et celui-ci) :
- le premier déploiement,
- la création de manuels,
- la constitution d’un réseau de soutien, constitué de volontaires,
- la mise en place de connexions wifi autour des écoles,
- la mise en place de centres de réparation,
- la création d’un tissu économique avec des appels d’offres, par exemple pour la réparation des XO,
- la création d’une communauté de blogueurs scolaires,
- la constitution d’une communauté de développeurs d’activités destinées aux écoles,
- l’intégration de l’outil XO dans la pédagogie des enseignants.
C’est sur ce dernier point que dernièrement, une enseignante du primaire, Rosamel Norma Ramírez Mendez, relate son expérience dans son blog. Elle y décrit le déclic qu’elle a eu, en assistant à une formation sur l’environnement d’apprentissage Etoys, disponible sur le XO sous forme d’activité :
En assistant au troisième cours en présentiel sur Etoys, j’ai eu un déclic, dans la région du cerveau, enfin par là. Et je me suis dit : ‘EURÊKA ! Ça serait génial pour les sciences naturelles !’.
Finalement, cette enseignante du primaire, qui n’est pas plus familière des nouvelles technologies que quiconque, et dont le métier est précisément d’enseigner, s’est mise à imaginer une transposition pédagogique de la formation à laquelle elle assistait. Par tâtonnements successifs, elle est enfin arrivée à ceci :
Voilà pourquoi aujourd’hui, en parvenant à animer la vapeur que j’avais dessinée et qui s’échappait de la bouilloire : les changements d’état de la matière, l’intervention de la chaleur comme variable, la vapeur d’eau dans l’air…je me suis mise à jubiler en sautant pratiquement de joie !!!
C’est à partir de ce déclic que cette enseignante peut envisager de créer pour sa classe une animation qui illustrera un mécanisme de physique (avec une première illustration en vidéo). C’est d’ailleurs dans le contexte de cette victoire personnelle que cette enseignante a été sélectionnée, avec d’autres de ses collègues participant au Plan Ceibal, pour participer, en juillet, à la rencontre internationale Squeafest, à Porto Alegre !
Cela sera l’occasion d’échanger des expériences, d’enrichir la pratique pédagogique dans les écoles d’Uruguay et d’ailleurs. Cela sera aussi l’une des nombreuses contributions d’un pays du Sud, à la réduction de la fracture numérique, dans la lignée de la participation de Miguel Brechner, du Laboratorio Tecnológico del Uruguay (LATU), qui est le maître d’oeuvre du Plan Ceibal, afin de partager l’expérience acquise en Uruguay avec le Rwanda, à l’occasion de la mise en place du programme OLPC dans ce pays.