Dans quelques jours c’est la rentrée sur l’île de Nosy Komba. Une rentrée que nous avons longtemps imaginée, en rêvant que toi et tes petits camarades auraient plus de chances de réussir à l’école, grâce à ce petit ordinateur que nous vous avons distribué.
Cette rentrée nous l’avons préparée depuis de longues semaines. Depuis ce jour où tu as vu arriver « Vaza Bé » avec les pirogues chargées de cartons.
Et puis au fur et à mesure toute l’équipe s’est installée au village et a appris à te connaître. Quel bonheur de voir ta joie et celle de tes camarades lors de la première ouverture des cartons.
Alors l’école ouverte a commencé et, on peut le dire maintenant, jour après jour toute l’équipe est tombée sous le charme de ton énergie et da ta joie de vivre. Te rappelles-tu lorsque tu es venue au tableau pour montrer l’ouverture de l’ordinateur ? Tu prenais ton rôle tellement au sérieux.
Les journées d’écoles se s’ont enchaînées et malgré le travail nous étions heureux de voir chaque jour les découvertes que toi et les autres faisaient.
Et puis il y a la cérémonie de remise des ordinateurs. Ce jour-là, à vrai dire, tu semblais plus timide et effacée que d’habitude. Peut-être parce qu’il y avait tous les parents ou peut-être parce que tu ne te rendais pas compte que cet ordinateur devenait le tien.
Le mois d’août a été plus compliqué. L’électricité a manquée et les journées d’école se sont espacées. Et puis il y a eut le jour où nous sommes allés recharger les ordinateurs au groupe électrogène de Stefano. Tous les enfants les uns derrières les autres faisaient comme une longue procession avec leur carton sur la tête ou sous le bras. Toi tu semblais encore trouver cela amusant. Toujours ton beau sourire.
Début Septembre, avant de partir, Jonathan a pris ce dernier petit film où tu nous parles, à nous qui sommes loin, de ton ordinateur. Quel beau souvenir de toi.
Tout ça semble si loin maintenant.
Oui bientôt c’est la rentrée mais tu ne seras pas là, ni cette fois ni à aucune autre rentrée.
Un jour maudit de septembre une voiture folle de Nosy Bé a décidé de nous priver pour toujours de ta joie de vivre et de ton sourire.
Depuis nous sommes tristes, certains ont même sûrement pleuré ou eu envie de tout abandonner.
Pourtant nous allons continuer parce qu’on ne peut pas oublier tous ces moments passés avec toi.
Parce qu’on ne peut pas s’empêcher de penser que nous avons contribué à t’offrir quelques moments de bonheurs dont d’autres pourraient aussi profiter.
Nous allons continuer aussi parce que c’est une nouvelle leçon que Nosy Komba nous a apprise : profitons de chaque jour car chez toi un peu plus qu’ailleurs, il y a des jours où un enfant s’éteint.
Ce n’est pas un adieu car soit sûre que tu seras avec nous chaque fois que nous parlerons de Nosy Komba.
On t’aime Clauriette.