OLPC Haïti – premier épisode

Alors qu’Haïti se relève à peine des ouragans Gustav et Hanna et se prépare pour l’arrivée de Ike et Joséphine, revenons un instant sur un épisode plus heureux : le camp d’été OLPC qui s’est tenu à l’école République du Chili entre le 16 juin et le 31 juillet 2008.

http://fr.youtube.com/watch?v=9T1hLfcy_xI

L’école République du Chili est particulière à plus d’un titre.  Située au coeur de Port-au-Prince, cette école publique réservée aux filles vient d’être rénovée grâce à des fonds chiliens.  Les bâtiments sont en très bon état, l’architecture a été bien pensée, il y a des prises électriques un peu partout, et nous avions même à notre disposition un point d’accès connecté à Internet en haut débit.

Les enseignants sont d’un niveau meilleur que dans la plupart des écoles haïtiennes.  Ceux qui participaient au camp d’été avaient été sélectionnés selon leur motivation, et ont reçu une compensation financière pour leur mobilisation durant ce mois et demi.  En amont du camp, ils avaient reçu une formation sur les principes du constructivisme et sur l’utilisation du XO.  Cette formation a commencé mi-mai, mais elle n’est vraiment devenu effective que vers la fin mai, lorsque les XOs sont arrivés.

Les professeurs n’avaient pas tous la même expérience de l’informatique : pour certains, le XO était le premier ordinateurs qu’ils touchaient, d’autres avaient déjà fait des recherches sur Internet, rédigé des documents avec un traitement de texte, etc.  La prise en main du XO s’est révélée assez facile pour tous les professeurs, au moins pour les activités principales (Ecrire, Naviguer, Enregistrer, Peindre, etc.)  Le Chat a remporté un franc succès, et nous a vite permis de briser la glace à mon arrivée.

Malgré tout, la plupart des enseignants auraient aimé en savoir plus sur la machine elle-même, la dominer un peu mieux.  Ce besoin s’est particulièrement fait ressentir lorsque les enseignants ce sont trouvés face à des élèves qui soit leur posaient des questions auxquelles ils ne savaient pas répondre, soit leur montraient des fonctions qu’eux-mêmes ne connaissaient pas.

La distribution des 100 XO aux enfants fut un moment extraordinaire.  Tous ont rapidement trouvé comment ouvrir le XO (faites le test avec un adulte, il trouvera moins vite!) et tous se sont mis à montrer aux retardataires comment il fallait s’y prendre…  dès que l’une d’entre elles recevait une réponse à une question, c’était dix copines qui apprenaient dans la foulée.  Voici quelques images de ce moment de déballage et d’euphorie.

A la fin du camp, nous avons mené une petite enquête pour savoir ce qui avait marché et ce qui n’avait pas trop marché.  L’enquête montre les problèmes les plus évidents : souris instable, batteries qu’il est difficile de gérer collectivement (on ne pouvait pas recharger tous les ordinateurs en même temps), difficulté à trouver la bonne façon de faire avec les enfants, etc. Un élément de l’enquête qui me tient à coeur : les enseignants ont tous souligné la nécessité d’impliquer les parents des enfants qui recevront des XOs.  C’est une idée excellente et nous essayons d’imaginer sa mise en oeuvre pour le reste du déploiement.

Curieusement, les enseignants ne se sont pas vraiment plaint du manque de ressources pédagogiques, quand bien même cette requête revenait régulièrement durant nos discussions.  Je pense que c’est dû au fait que le camp a surtout permis de prendre en main les activités plutôt que de vraiment « faire cours » avec le XO.  Peut-être aussi ce silence est-il dû au fait que les professeurs ont improvisés des cours au fur et à mesure du camp : par exemple, ils ont demandé aux élèves d’aller interroger des personnes au sujet des transports dans la capitale ; ils ont mis les élèves en situation de construire un journal pour le camp.  Au final, l’absence provisoire de ressources, même si elle a parfois mis certains professeurs en difficulté, a permis à d’autres de se fixer leurs propres objectifs, et de laisser les enfants s’exprimer librement avec leur XO.

J’ai seulement passé quinze jours dans ce camp.  Mais cela a suffit à me convaincre du potentiel de changement que le XO pouvait introduire dans les écoles haïtiennes.  Changement qui n’est pas seulement l’effet de l’introduction d’un nouvel outil – fût-ce le XO.  Changement plus profond qui fait prendre conscience aux enseignants qu’ils sont directement responsables d’une large partie de ce qu’ils enseignent, comme l’équipe OPLC Haïti (que j’ai vu se bâtir) sera directement responsable du soutien qu’elle apportera à l’ensemble des professeurs.

A suivre !