[Nosy Komba] De la logistique et de la pédagogie


A peine arrivée avec ses 50 nouveaux XO à Nosy Komba, sur notre déploiement OLPC à Madagascar, l’équipe n’a pas chômée est a déjà des journées et des soirées bien remplies. Au programme: beaucoup de logistique et des premières réunions de travail avec les enseignants. C’est ce que nous raconte Laura dans ce billet.

Logistique

Première tâche à réaliser: la récupération des XO. Pour cela nous sommes passés dans chacune des classes et avons sollicités les enfants qui nous ont rapportés les ordinateurs petit à petit. Nous avons mis plusieurs jours à récupérer tous les XO. Au fur et à mesure, nous relevions les numéros de séries et ajustions les comptes.


Comme cela nous prenait trop de temps pour avoir un chiffre final, nous en avons profité pour examiner tous les journaux et capturer les perles des enfants (voir quelques unes plus bas). Nous avons aussi effectué un backup systématique manuel de tous les XO avec l’outil de Kevin.

Aucun XO ne semble manquer à l’appel cette année. Deux XO « égarés » l’année dernière ont même été retrouvés. Par contre, une vingtaine de XO étaient défectueux. Il s’agissait soit de problèmes matériels (écran cassé, ne se charge pas, ne s’allume pas) soit de problèmes logiciels (message au démarrage).


Les workshops de réparation à Paris n’ont pas été inutiles: en combinant plusieurs machines Margaux et Jean ont pu réparer 9 XO sur les 20 cassés. Par ailleurs, les XO dont l’écran n’était que légèrement cassé seront redistribués. Pour les autres XO, nous avons également procédé à un nettoyage: poussière, sable et dans un d’entre eux nous avons même trouvé des œufs de fourmis !

La coque, sur laquelle est inscrit le nom et la classe de l’enfant a également du faire l’objet d’un nettoyage précis pour effacer le nom des enfants qui sont partis. La recette miracle: brosse à dent et essence !

Nous avons ensuite procédé au flashage de chaque XO. Hélas, cela n’a pas été sans mal, en effet les clés USB de flashage avaient été « polluées » par des fichiers cachés ajoutés lors de l’utilisation sur un Mac. Ces fichiers empêchaient le flashage et nos tentatives pour recréer de nouvelles clés échouaient car le Mac polluait à nouveau les clés. Le XO 1.5 nous a également posé problème car la nouvelle procédure nécessite un double démarrage (initialisation puis installation) ce qui prend beaucoup plus de temps.

Grosse difficulté logistique de cette année: les chargeurs de l’école. Il en reste à peine une trentaine, et environ une quinzaine sont cassés. Ils ne fonctionnent plus ou l’adaptateur que nous avions collé est détérioré.

Malgré notre demande, les enfants ont conservés les chargeurs chez eux et refusent de les rendre. Cela pose problème pour le chargement à l’école et cela provoque des perturbations sur la turbine électro-électrique lorsqu’ils sont utilisés de manière anarchique en dehors de l’école (c’était la raison initiale de la récupération des chargeurs).

Pédagogie

Nous avons profité de nos premiers jours dans le village pour observer les enseignants. Nous avons donc assisté aux séances de XO avec eux. Les classes utilisent le XO chacune leur tour pendant 3 heures. Edwidge commence la semaine avec les CE2. Le mercredi après midi c’est la classe des CP avec Yvette et les CM1/CM2 sous la responsabilité de Ephrem. Le jeudi après midi, c’est au tour de Tony, enseignant au CE1. Miransoa est professeur au collège mais elle dirige une classe libre avec les enfants volontaires le mardi après midi. Edwidge a fait un travail remarquable pour former les deux nouveaux professeurs, à tel point que Tony et Yvette, les deux nouveaux du corps enseignant sont au même niveau maintenant que les autres professeurs. Une phrase de Tony sur son cahier nous a d’ailleurs touchée: « Un jour viendra où le XO sera un cartable pour tous les enfants ».

Nous avons également vérifié la manière d’utiliser les XO pendant l’année. Les enseignants ont tous tenu un cahier de XO avec inventaire et appel des enfants présents.


En les croisant avec plus d’une centaine de journaux, le constat est clair: les XO ont été utilisés régulièrement par toutes les classes.

Les CM ont une majorité d’activités Ecrire. Ephrem leur professeur, est fidèle à lui même et se concentre sur l’écriture : copies et dictées permettent aux enfants d’améliorer leurs français, de travailler la ponctuation et de revoir la leçon du matin.

Pour les autres, toutes sortes d’activités ont été faites avec les enfants: Lecture, Clock, Memory, Calcul, Physics…. Une variété intéressante était visible dans les journaux. Cela dit, on vous rassure, le top 3 des enfants ne change pas : Photo, Falabracman, et vidéos 🙂


Nous avons ensuite réalisé des premières séances de travail avec les enseignants. Lors de la première réunion, après un tour de table pour bien se connaître , la réunion a été consacrée a évoquer les points positifs et négatifs de l’utilisation du XO. Intérêt d’avoir des classes d’âges différents, utilisation du XO pour la lecture, difficultés de certaines activités pour les petits, difficulté de « tenir » les enfants … nous sommes sortis de cette réunion enthousiaste car chaque professeur a évoqué l’année passée sans pudeur : les années précédentes, nous avions du mal à obtenir des informations de la part du corps enseignant.

Pour la deuxième séance de travail, nous voulions présenter la nouvelle version de Sugar et les nouvelles activités aux professeurs, mais les XO ne pouvaient pas encore être mis à jour suite à nos difficultés avec la clé de flashage .
Nous avons donc décidé de présenter Fototoon. FotoToon est une activité très simple d’utilisation permettant de réaliser des bandes dessinées. Là où son impact est puissant est que chaque leçon peut être déclinée sous forme de bande dessinée, les enfants doivent travailler en équipe et tous les sujets peuvent être abordés.

Dans un premier temps, nous avons présenté l’activité aux professeurs qui se sont montrés très enthousiastes. Ensuite Ephrem, notre main innocente a tiré au sort des prénoms et nous avons constitué deux équipes mélangeant les enseignants et l’équipe NK 2012. Chaque équipe a pris un manuel scolaire utilisé au quotidien et choisi un thème ou une leçon précise (le Paludisme pour l’équipe 1, le corps humain pour l’équipe 2). Armés d’une feuille blanche, les équipes ont esquissé un brouillon des 6 vignettes. Cette étape est importante, elle permet à l’équipe de répartir les rôles et de s’organiser. La vignette 1 et la Vignette 6 marquent la construction de l’histoire. Le challenge est de remplir ensuite les vignettes 2, 3, 4, 5 de manière fluide et compréhensible pour le lecteur.

Les équipes ont alors pris les 6 photos, avec les éléments nécessaires à l’histoire et ont construit la BD en ajoutant les bulles, les dialogues, les couleurs, les styles. Le résultat (ci-dessous) est à la hauteur de nos espérances.


Autre point marquant: nous avons demandé aux professeurs s’ils voulait bien nous donner des cours de Malgache. Chaque professeur était volontaire pour nous donner des cours. Une première séance de formation a eu lieu avec Yvette.

Au-delà de l’intérêt pour nous de mieux comprendre la langue, cette formation permet d’établir une sorte d’équilibre entre l’équipe et les enseignants du villages.

A bientôt pour la suite !